N’ayant aucune compétence en médecine animale, je ne m’aventurerai pas à émettre une opinion sur le traitement réservé à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par nos instances sanitaires. Par contre, rien n’interdit (jusqu’à aujourd’hui) dans la Constitution aux citoyens sensibles à la cause paysanne de s’informer, et j’avoue que mon investigation m’a laissé un goût de cendre : la solution mise en place ressemble étrangement – utilisation ahurissante de moyens répressifs injustifiés compris- à celle qui nous avait enfermés, terrorisés, pendant plus d’un an, pour lutter contre un covid qui n’a en définitive, au grand désappointement de nos anges exterminateurs, pas tenu ses promesses d’éradication du genre complotiste humain.

Pour se faire une idée du problème, c’est quoi, la DNC ? Pour ce qu’on en sait, il s’agit d’un virus très sélectif qui ne s’attaque qu’aux vaches (pour les taureaux, je ne sais pas). Ce virus est transmis aux vaches saines par les mouches à viande et les moustiques, lorsqu’ils se sont régalés du sang d’une vache déjà infectée. Il faut donc qu’il y ait au départ du processus soit une vache infectée venue d’ailleurs, soit une mouche ou un moustique porteur qui aura franchi nos frontières clandestinement, probablement à bord d’un de ces camions qui sillonnent l’Europe au mépris de nos règles élémentaires d’hygiène, autrement plus contraignantes pour nos agriculteurs…
Lorsqu’une vache est piquée, le virus incube de 28 à 40 jours avant que les premiers bubons apparaissent. Dans ce laps de temps, on ne dispose pas de test qui permettrait de savoir si une vache est saine ou infectée. Et cela a son importance dans les décisions à prendre, parce que le vaccin contre la DNC est un vaccin préventif, non curatif. Vacciner une vache qui a été contaminée n’arrête pas le développement de la maladie, et donc sa transmission… ça ne vous rappelle rien ?
D’après les sources diverses, le taux constaté de contaminations dans un troupeau infecté est d’environ 20% du cheptel. Sur les bêtes infectées, la mortalité varierait entre 5 et 10%. On avance, pour justifier l’abattage systématique, que chez les bêtes infectées qui survivent, certaines gardent des séquelles importantes (maigreur, moins de lait, souffrance ?), mais pour être honnête, on ne sait pas trop s’il s’agit d’une faible partie, ou d’une grosse part de celles-ci. Admettons qu’elles gardent toutes des séquelles lourdes.
Pour être complet, ajoutons que la viande et le lait des bêtes infectées reste consommable, que le virus ne se transmet pas de vache à vache, qu’il ne se transmet ni à l’humain, ni à aucune autre espèce animale. Et qu’il n’y a infection que s’il y a mouche et moustique, or, des mouches et moustiques, il n’y en a pas en hiver.
Des cerveaux quelque peu étriqués, complotistes dans l’âme, pourraient se demander : tout ça pour ça ? abattre un troupeau complet parce qu’une vache a été repérée (sur 100 vaches, statistiquement 20 seraient infectées, 2 mourraient) ? Et tout ça pour préserver les élevages voisins qui, si ça se trouve, on déjà reçu la visite des insectes piqueurs ? Et en plus on détruirait une viande parfaitement consommable ? N’y aurait-il pas des solutions plus raisonnables, comme des mises en quarantaine, et « wait and see » ? Et puis, est-il absolument indispensable d’envoyer contre des paysans qui défendent, au-delà de leurs bêtes, qu’ils aiment, un art de vivre, d’envoyer, donc, des hélicoptères, des drones, des chars Centaure anti-émeutes (qui ne sont jamais utilisés contre… suivez mon regard, de peur qu’on les abime, ou, plus humiliant encore, qu’on les vole), et des grenades, des fumigènes… encore un peu, et ils vont tirer à balles réelles.
Alors moi, que voulez-vous, j’ai des doutes. Nos gouvernants affairistes détestent la paysannerie et tout ce qu’elle représente de liberté (ce qui me frappe dans les interviews de paysans, c’est le mot qui revient le plus souvent : « liberté », un mot dont nos élites soumises au fric ont horreur), d’autonomie, de refus de l’hygiénisme et de la créolisation du monde – à preuve, le silence des écolos des villes, trop occupés à organiser la cohabitation avec les surmulots -. La DNC, pour nos progressistes, est une excellente opportunité de détruire un peu plus du monde rural. Ajoutez une pincée de Mercosur, l’entrée de l’Ukraine dans l’Europe, et les bobos des villes pourront profiter de week-ends à la campagne où ils ne seront dérangés ni par le chant du coq, ni par le meuglement et les cloches des vaches. Il ne restera plus qu’à interdire les carillons des églises, et la vie champêtre sera idyllique.
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