Hé bien, pour une fois, la parole présidentielle s’est réalisée.

Macron qui parle, parle, nous soûle de mots creux, a enfin vu un de ses désirs d’emmerder les Français se réaliser, et au-delà de ses espérances. Les « difficultés », comme il dit, chaque Français a les deux pieds plongés dedans. Au point que les « faits divers qui sont en réalité des faits de société » - autrement dit les « difficultés » selon la sémantique présidentielle - se multiplient dans des villages tellement improbables qu’il faut consulter une carte de France d’état-major pour les situer. D’où la question qui se pose à tout citoyen un peu curieux et pas encore lobotomisé par les programmes de France Télévision : mais qu’est-ce que ces « difficultés » dont on ne nous donne ni le nom ni l’origine -pour ne pas stigmatiser, on a compris, on est cons, mais pas à ce point- fichent dans un bled où ils n’ont manifestement rien à faire ? Et la réponse : ils sont là pour que tous les Français, sans exception, dans un souci d’égalité entre tous les « gueux », prennent leur part des fameuses « difficultés »… Après tout, les gueux financent déjà leurs prestations sociales, il est normal qu’ils en soient récompensés.
Je ne vais pas remonter jusqu’au moins dernier, ce serait trop long d’énumérer les « difficultés » rencontrées par la France profonde, mais juste ce dernier week-end : une fusillade entre deux bandes rivales, à l’issue d’un mariage, a fait deux morts, la mariée et un « assaillant ». Non, ça ne se passait pas à Saint-Denis ou dans les quartiers Nord de Marseille, mais dans un gentil petit village du Vaucluse, nommé Goult. Un petit village de Provence, pas loin de Cavaillon ou d’Avignon, fleurant bon la lavande et le romarin, bercé par le chant des cigales, toute la nostalgie de Pagnol. Vous ne connaissiez pas ? Moi non plus. Le maire, interrogé par la télé, n’en revenait pas : chez lui, c’était la première fois que ça se produisait… Vous vous rendez-compte ! Ce serait lié au trafic de drogue. A Goult, dans le Vaucluse.
Bon, venons-en au sujet principal de cette semaine, sujet qui aurait été aussi d’actualité il y a 15 jours, et qui le sera sans nul doute dans moins d’un mois. Autrement dit, parlons des « liesses populaires » que commentent avec attendrissement des envoyés spéciaux stagiaires, en formation à l’école de journalisme de Lille ou de Strasbourg. Si on écoute les reportages de ces évènements hautement rassembleurs, il semblerait que la France ait pris acte qu’une nouvelle tradition s’est imposée, et donc qu’il est inévitable, voire normal, qu’à la moindre occasion, match de foot, fête de la musique, 14 juillet, réveillon, ou même « bavure policière », puisque les bavures policières sont l’occasion de « liesses populaires » (est qualifiée de « bavure » l’action courageuse d’un policier qui, pour protéger la société et sa propre vie, abat une racaille qui présente un casier judiciaire long comme le bras), des hordes sauvages déferlent non seulement dans les beaux quartiers de Paris (c’est bien fait pour eux), ou à la rigueur dans les grandes villes, mais aussi un peu partout dans la France des difficultés réparties, pour saccager des boutiques -de préférence de marques prisées par les racailles-, incendier des voitures, agresser policiers, bandes rivales ou simples passants, et, dernièrement, piquer des jeunes femmes assez inconscientes (les salopes, elles ne portent même pas d’abaya) pour se risquer en crop-top et mini-short au milieu de jeunes hommes. On en est au point où on trouve inévitable, voire normal, que les auteurs de ces saccages et autres agressions ne soient pas poursuivis, arrêtés, mis en prison, éjectés de France s’ils sont étrangers ! Alors pourquoi voulez-vous qu’ils s’arrêtent ? C’est amusant, de casser des vitrines, c’est amusant de piller, de voler, de brûler, d’insulter des flics, de peloter des pauvres nanas sans défense, et, jouissance suprême, de faire peur, de terroriser ces lopettes de kouffars. C’est certain, plus que le résultat matériel qu’ils peuvent en tirer, c’est le plaisir !
Je vous le répète : il n’y a plus de solution. C’est il y a 15-20 ans qu’il fallait faire le sale boulot : tirer dans le tas. Aligner dans des sacs mortuaires quelques dizaines d’émeutiers. Prévenir : vous vous attaquez aux biens et aux personnes au péril de votre vie. Mais aujourd’hui, il est trop tard. Même si vous menacez, même si vous punissez lourdement, les vandales ne s’arrêteront pas. Ils sont arrivés à un point de non-retour, parce qu’ils nous méprisent trop pour croire à notre révolte.