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Europe : l’indigestion fatale ?

, par  NEMO , popularité : 5%
NJ-Ile de France
Cet article sorti en mai 2014 garde toute sa fraîcheur, sauf peut être pour le cas MACRON qui nécessite un traitement vigoureux ! Très vigoureuse !

Au cas où cela vous aurait échappé, tant cette campagne électorale avance sur la pointe des pieds pour ne pas vous réveiller, nous votons dimanche prochain pour élire nos représentants au Parlement Européen, lesquels éliront ensuite le Président de la Commission Européenne (actuellement Manuel Barroso), dont on ne sait trop à quoi il sert, d’autant plus qu’il est censé partager son « pouvoir » avec le Président du Conseil Européen (Herman Von Rompuy), dont les attributions ne nous sont pas plus connues.

L’occasion est pourtant unique d’essayer d’y voir un peu plus clair. Alors, l’Europe, c’est le Paradis des uns, ou l’Enfer des autres ? A défaut d’une objectivité dont je suis incapable, je vais essayer d’être honnête.

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D’abord, il y a la monnaie unique, qui nous a certes privé d’une bonne part de souveraineté, mais qui, il faut le reconnaître, a aussi réfréné les tentations « après moi le déluge » de nos inestimables dirigeants : sans l’Euro, Dieu sait combien de fois, depuis 2002, nous aurions dévalué le Franc pour alléger la facture de l’État fonctionnaire ! Et une dévaluation, si elle rend à court terme le pays plus compétitif à l’export, et permet à l’État d’emprunter plus aux banques étrangères pour le même prix (on a plus de Francs pour le même nombre de Dollars ou de Francs suisses), c’est aussi vos petites économies qui s’évaporent, votre pouvoir d’achat qui fond, vos revenus qui baissent, et les produits de base importés qui coûtent plus cher... Dans un système mondialisé, ça finit toujours par une perte sèche… pour les plus petits d’entre nous, évidemment.

Et puis il y a, pour ceux qui voyagent beaucoup, en réalité très peu de monde, la facilité de musarder d’un pays à l’autre sans formalité de douane, et sans avoir à se soucier du taux de change de la monnaie locale. Enormissime avancée sociétale, s’enthousiasmeront les Eurolâtres, sans doute ignorants de la généralisation des cartes de crédit internationales.

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Pour le reste… L’Europe est-elle responsable de la « paix » entre la France et l’Allemagne ? La France, l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne se sont fait la guerre tant qu’elles revendiquaient le rang de première puissance du monde. Aujourd’hui, la puissance se trouve aux USA, en Russie et bientôt en Chine. Si ces trois pays ne s’étripent pas pour savoir lequel sera le mâle dominant, ce n’est que parce qu’il y a la bombe atomique, qui rase aussi bien les villes du vainqueur que du vaincu. Alors, ils se battent par champions interposés, en Ukraine, Syrie ou Centre Afrique… Et l’Europe, on l’a bien vu, compte pour du beurre.

Sinon, l’Europe est-elle au moins la première puissance économique du Monde ? Les grands succès industriels dont on nous rebat les oreilles ont été obtenus par des accords d’Etat à Etat (Airbus, Ariane…), et non pas par l’Europe, et cela remonte à un moment, déjà. Pour le reste, les innovations nous viennent des USA, et ce sont des capitaux moyen-orientaux ou asiatiques qui rachètent à tout de bras notre patrimoine. Quant à la solidarité européenne, chacun des pays qui constituent l’Europe ne pense qu’à en tirer le maximum d’avantages. Margareth Tatcher ne s’en cachait d’ailleurs pas, elle qui exigeait : I want my money back ! (je veux que mon argent revienne)... et avec intérêts !

L’Europe est-elle une puissance militaire ? A part la France, et, dans une moindre mesure la Grande Bretagne, il n’y a pas un seul pays en Europe qui souhaite contribuer à une politique de défense commune, préférant pour cela le « bouclier » américain, dont on ferait bien, pourtant, de ne pas surestimer la protection… Les américains sont sans doute des logisticiens hors pair, mais leurs militaires sont élevés dans la religion du OK (zero killed), ce qui n’est pas le meilleur gage d’efficacité.

L’Europe est-elle une puissance financière ? Sans l’activisme effréné de Sarkozy, rendons à Nicolas ce qui appartient à César, et s’il n’y avait eu qu’Angela Merkel pour combattre la crise de 2008, l’Europe aurait subi un désastre, parce que personne n’aurait levé le petit doigt pour sauver la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne, et que les conséquences systémiques auraient été cataclysmiques. Quant à la dette européenne, elle donnerait le vertige, si on arrivait à s’en faire une idée.

Enfin, l’Europe est-elle une puissance politique ? Nous constatons tous les jours le contraire. Tandis que les Américains, les Russes et les Chinois font de la politique, et donc privilégient leurs intérêts et les moyens pour les satisfaire, l’Europe qu’on nous propose ne jure que par les droits de l’Homme, la posture morale, l’ouverture des frontières à tout vent et le « retiens-moi ou je fais un malheur »… Comme disait Staline, l’Europe, combien de divisions ?

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Alors, me direz-vous, pourquoi l’Europe est-elle passée à ce point à côté de ses ambitions ? J’ai, pour ma part, une explication : l’Europe est morte en 1973, le jour où elle a laissé le loup entrer dans la bergerie, en accueillant le Royaume Uni. Les Anglais ne sont entrés dans l’Europe que pour détruire un concurrent potentiel, et ils sont parvenus à leurs fins en 1992, en faisant voter le traité de Maastricht, dont l’objet essentiel était la libre circulation des capitaux, à l’intérieur du plus grand périmètre possible.

Il faut en effet avoir à l’esprit que l’Angleterre tire sa force économique et politique de sa relation particulière avec ses anciennes colonies du Commonwealth, et de son lien charnel avec les Etats-Unis, qu’elle considère comme « sa création ». Ni les Etats-Unis, ni l’Angleterre, n’avaient intérêt à laisser se développer une puissance économique et politique européenne rivale. Il y avait deux solutions pour détruire l’Europe : soit une « guerre » frontale contre ce qui était alors l’Europe des Six, ce qui aurait été délicat, soit, plus subtilement, la laisser proliférer jusqu’à la rendre ingouvernable, moyen le plus sûr de la rendre parfaitement inefficace.

Et c’est ainsi que les 766 députés européens des 28 pays d’Europe légifèrent le plus sérieusement du monde sur la hauteur des escabeaux ou la consistance de la peau des andouilles, pendant que l’Europe se désagrège lentement mais sûrement dans le préchi-précha des bonnes intentions sans action.

Votez bien dimanche, si vous arrivez à savoir pour qui !