Ils ne manquent pas d’air, au gouvernement : ils veulent lutter contre les fake news des autres, mais ils sont les premiers à en produire.
Et d’abord, c’est quoi, cette histoire de « fake news », « fausses nouvelles » en français ? Comme si le mot « mensonge » n’existait pas dans notre langue si belle et si riche, n’en déplaise à Macron, qu’il faille aller chercher chez les ricains. Marchais, déjà, qui était expert en mensonges éhontés, avait inventé la notion de contre-vérité, histoire de se mettre à l’abri d’un retour de bâton quand il n’était pas certain que son interlocuteur mentait autant que lui. Comme dirait la grand-mère de Martine, quand on embrouille les mots, c’est qu’il y a un loup.
Soyons sérieux, bien sûr que des mensonges, des approximations, des délires d’esprits un peu dérangés, il y en a sur le net, c’est tellement facile de se lâcher, et ils sont inévitables. Mais nous croit-on assez crétins pour ne pas être capables de faire le tri (oui, probablement, d’où l’insistance à nous faire de la pédagogie) ? Pense-t-on qu’une « fake new » peut changer le vote d’un électeur qui sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas ? Croit-on pouvoir nous faire avaler que Trump a été élu grâce aux fake news prétendument distillées par Poutine (les américains, eux, c’est bien connu, ne se mêlent jamais des affaires des autres), que Macron l’a été malgré les intrusions répétées des russes de Russia Today (qu’est-ce qu’il est fort, ce Macron, quand même) ?
Tenez, puisque Macron y tient, à sa lutte contre les « fake », pourquoi ne commencerait-il pas par lui-même et son gouvernement :
Par exemple, sur le réchauffement anthropologique de la planète, le cheval de bataille du macronisme pour justifier taxes, impôts et les règlementations les plus délirantes ? En voila une de belle, de fake new, quand notre président prétend que toutes les études démontrent sans conteste la responsabilité de l’homme et de ses émissions de CO2 dans le « dérèglement » du climat (on parle de moins en moins de réchauffement, il est trop facile de vérifier que la Terre ne se réchauffe pas au rythme où le GIEC l’a modélisé). Or, il s’avère que la grande majorité des publications scientifiques sont des plus réservées sur le sujet, mais qu’importe, tout climato-sceptique ne peut être qu’un diffuseur de « fake new ».
Fake new, encore, que l’aplomb avec lequel le 1er Ministre attribue à la limitation à 80 km/h des routes secondaires une baisse de la mortalité (de l’épaisseur du trait) en 2018. En réalité, la mortalité sur route est, à quelques centaines de cas en plus ou en moins, à peu près constante depuis plus de 5 ans, et j’ai pu démontrer, chiffres officiels de la prévention routière à l’appui, 80 km/h. Avec la République en marche, on ne roule plus., que la vitesse n’était pas l’élément majeur des accidents mortels dits « de la route » (on y inclut piétons, cycles et motos). Prétention d’autant plus ridicule qu’une de ses ministres (dont je m’éviterai de perdre du temps à rechercher le nom) attribuait d’avance aux gilets jaunes destructeurs de radars (depuis juillet, date de l’entrée en service des 80 km/h) l’hécatombe qui ne manquerait pas de se produire lorsqu’on lâcherait la bride aux automobilistes… Sans compter le directeur de je ne sais plus trop quel service du ministère de l’intérieur qui affirmait il y a quelques jours dans une radio non subventionnée qu’il avait les premiers chiffres de mortalité dans un département témoin (dont il ne pouvait pas citer le nom, on se demande pourquoi), et que ces chiffres faisaient froid dans le dos.
Je ne vous parlerai même pas de l’inénarrable ministre de l’Intérieur, de sa gestion des manifestations des Gilets Jaunes, de ses mensonges par action, par omission, par amalgame ou carrément par des périphrases absconses telles que « il a été touché au niveau de la vision » (Castaner, lui, a été touché au niveau de l’intelligence), ou de son n°2 Laurent Nuñez qui doit être à ce jour le seul à ne pas avoir d’élément qui lui permette de conclure si Jérôme Rodriguez a oui ou non été touché par un tir de Lanceur de Balle de Défense. Pour ces deux comiques, parler de « fake new » me parait un peu faible.
Et une dernière, pour le plaisir : les Gilets Jaunes, annoncés à cor et à cri comme fossoyeurs de l’économie française. Manque de bol, les chiffres, là encore, viennent de tomber. La croissance, au quatrième trimestre, avec 0,4%, est plutôt meilleure que prévu, et, cerise sur le gâteau, due à la production et aux exportations plutôt qu’à la consommation (nous admettrons pour cette dernière une certaine responsabilité des GJ). Ce qui signifie que, en ayant moins consommé, donc moins acheté à l’extérieur, et en ayant plus produit et vendu à l’extérieur, nous avons amélioré la balance commerciale de la France, ce dont nous avons bien besoin.
Bref, tout cela n’est pas sérieux, et on pourrait en rire, si derrière ces lois plus imbéciles les unes que les autres, ne se cachait pas, comme toujours, le projet totalitaire (et je pèse mes mots) d’une caste qui, pour maintenir et si possible augmenter ses privilèges, veut faire taire tout début de commencement de contestation. Le mouvement des Gilets Jaunes l’a prise de court, mais depuis, elle essaie de reprendre la main, par tous les moyens, y compris les plus dégueulasses… Et il n’est pas certain qu’elle n’y arrive pas, hélas.