Pendant les vacances, Notre Journal vous propose chaque semaine un morceau choisi des tribunes de Nemo. Cette semaine, c’est l’ « insécurité » à Grenoble qui fournit l’actualité, comme en avril… Et ce n’est pas fini !
« Ces derniers jours, il s’est produit deux faits divers apparemment sans lien, à quelques centaines de kilomètres de distance l’un de l’autre. A Grenoble, un jeune homme de 23 ans, blanc sous tous rapports, a été tabassé et poignardé (presque) à mort par une douzaine de « jeunes », sans raison apparente. Aux Ulis, une famille d’origine malienne a fui dans l’urgence une cité, menacée de mort par des « jeunes » qui n’admettaient pas qu’une des filles de la famille, adolescente de 14 ans, violée à plusieurs reprises par d’autres jeunes, ait eu l’outrecuidance de dénoncer ces derniers à la police Française.
De Grenoble, notre ministre de l’intérieur, Brice Tartarin, a annoncé, martial en diable, qu’il n’y aurait aucun répit pour les voyous et que la lutte contre l’insécurité, sans oublier la violence, se poursuivrait sans faiblesse. Aux Ulis, la maire socialiste, Maud Olivier, a déploré que ces « jeunes » aient « sous-estimé la gravité du viol », et aussitôt convoqué le ban et l’arrière-ban des associations et services de la mairie pour une réunion de relance de la communication dans la cité.
Je ne vais pas trop gloser ni sur le ministre, qui doit s’arracher les derniers cheveux qui lui restent, ni sur ce pauvre maire, qui doit probablement souffrir d’une vocation d’humoriste contrariée… mais tout de même ! Est-ce qu’on mesure bien à quel niveau de renoncement et de veulerie nous en sommes arrivés ?
Parce que je vous le dis tout net : nous ne sommes pas en train de parler de faits divers. Les « jeunes » de Grenoble ou des Ulis ne sont pas des voyous, encore moins des mafieux. Les voyous et les mafieux ont un objectif précis : gagner un maximum d’argent sans regarder aux moyens utilisés, quitte à frapper, blesser ou tuer, mais seulement si c’est nécessaire au business. L’obsession des voyous et des mafieux est d’éviter tout contact avec la police. Leur ligne de conduite : la discrétion, l’intégration totale dans la ville, pour que leurs enfants deviennent un jour des citoyens notables et respectables.
Les jeunes de Grenoble, eux, se sont attaqués à leur victime parce qu’elle était blanche et les jeunes des Ulis à la famille malienne parce qu’elle avait transgressé la loi de leur territoire. Dans les deux cas aucun business n’explique leurs actes. Ils n’ont pas cherché la discrétion, au contraire, ils se sont montrés en pleine lumière, comme le font leurs « frères » caillasseurs de bus ou de cars de police, incendiaires de voitures et saccageurs de biens et services publics.
Ces « jeunes » ne sont pas des voyous, ô que non ! Ce sont des soldats, j’allais écrire des guerriers, mais c’est le terme de soudards qui conviendrait le mieux. Ces « jeunes » sont les fantassins d’une guerre qui, comme toutes les guerres, a un double objectif : le pouvoir et le territoire. Comme dans toutes les guerres, il se livre parfois de grandes batailles (les émeutes), et le reste du temps on tâte le terrain avec des escarmouches (les violences quotidiennes et banalisées).
Pour ces « jeunes », le « souchien » est l’ENNEMI.
L’immense aveuglement de nos hommes publics, leur faute originelle, c’est de refuser, par lâcheté ou par intérêt électoral, de voir que ces « jeunes » sont NOS ENNEMIS. Comment voulez-vous que dans ces conditions ils apportent la solution qui convient à un problème qu’ils refusent de poser ?
Et voilà pourquoi nous assistons impuissants, depuis des années, à des batailles de plus en plus féroces, avec d’un côté l’utilisation massive de toutes les armes de guerre urbaine, et en face une police inadaptée et paralysée par la peur des « bavures », et une justice de temps de paix dont l’obsession est d’exonérer ces « jeunes » de toute responsabilité. Si on continue comme ça, c’est sûr que l’issue de la guerre ne fait aucun doute… et que ce ne seront pas les gens de bonne volonté qui gagneront. »