C’est un peu facile de s’abriter derrière le respect de « l’ordre républicain » pour s’exonérer de toute responsabilité, quoiqu’il arrive. Mais doit-on vous rappeler que les forces de l’ordre ne sont pas au service d’un quelconque pouvoir, surtout quand ce pouvoir est quelconque, mais au service de la Nation ?
On ne peut pas me soupçonner d’être un contempteur de la police. Dans ces colonnes, je suis la plupart du temps à ses côtés. Mais quand l’on constate le traitement d’une infinie clémence qui est réservé à certains, et pas seulement par les juges, mais aussi par la police (qui marche sur des œufs chaque fois qu’elle a à faire à de la « diversité » - surtout pas de bavure, il vaut mieux que ce soit le flic qui se fasse tuer qu’un petit ange), et la réponse impitoyable qui est apportée aux Français (des vrais, pas de papiers) lorsqu’ils leur vient l’idée saugrenue de se défendre plutôt que d’allumer des bougies, il y a de quoi adopter le slogan « tout le monde déteste la police ». Ce qui est drôle, c’est que ce sont ceux qui profitent du laxisme institutionnel de la police qui s’en plaignent.
Bref, disons-le tout net : la police, que j’aimerais aimer, me déçoit. Un professeur racontait récemment que la plupart des enseignants avaient horreur de l’incertitude, du risque, et que, pour préserver leur train-train, ils étaient prêts à subir toutes les avanies. C’est ainsi qu’ils étaient contre toute réforme de quoi que ce soit, et, en particulier, une réforme qui introduirait une part de rémunération et d’avancement en fonction des résultats obtenus. Je crains que pour la police, ce soit le même syndrome. Ne pas se poser de question, obéir aux ordres, quels qu’ils soient, faire du chiffre en piégeant des gogos pour se faire bien voir des chefs. Mal payés, mal considérés, mais tranquilous (si l’on peut dire). Sinon, comment expliquer qu’à Lyon, récemment, des policiers aient arrêté et mis en garde à vue des colleurs d’affiches qui dénonçaient la mort de Thomas ? N’auraient-ils pas pu passer devant eux sans les voir ? Ça n’aurait pas mis la République en danger, et c’est bien ce qu’ils font, à Lyon, quand ils croisent des antifas – on ne sait jamais, ce pourrait être des rejetons de notables de la ville -. Mais ils ne se sont pas contentés de cette arrestation ahurissante. Ils sont allés jusqu’à perquisitionner l’appartement d’un couple chez qui, tenez-vous bien, ils ont trouvé un drapeau français (une preuve irréfutable d’appartenance à un mouvement dangereux d’extrême-droite), ils ont ouvert un coffre et réquisitionné bijoux et argent liquide, sûrement destinés à l’achat d’armes de guerre). Entre nous, n’auraient-ils pas pu, déjà, ne pas perquisitionner, ou, contraints et forcés, ne rien trouver, ce qui est la réalité. Ah, ils ont aussi trouvé dans une voiture une bombe lacrymogène, probablement de celles dont on se sert pour commettre un attentat en criant "Jésus le plus grand" ?
Tenez, un autre exemple et je m’arrête là, sinon je vais m’énerver : Place d’Armes, association constituée d’anciens officiers, généraux, colonels etc… des soldats décorés jusqu’au nombril, organise un rassemblement « contre le déclassement de la France ». Cette réunion pacifique de quinquas, sexas et +, est interdite au tout dernier moment par le préfet de police de Paris, le soumis Laurent Nunez, lequel, pour justifier l’interdiction, ne manque pas de rappeler que ces militaires sont d’extrême, voire d’ultra-droite (brrrr), et que cette réunion pourrait donner lieu à de graves violences (re-brrrr). Les participants qui, non prévenus, se rendent place Denfert-Rochereau avec des drapeaux bleu-blanc-rouge (horreur !) se font verbaliser de 135 euros… Mais quand le clan des Traoré manifeste pour obtenir « justice » pour leur crapule de frère et demi-frère, malgré l’interdiction théorique, ça passe crème. Les Traoré et leurs sponsors détestent la France, ils sont donc intouchables.
Les « victimes » du zèle policier ont, dans les deux cas, témoigné de la gêne des robocops auxquels elles avaient eu à faire. Et alors ? Aussi bien à Lyon qu’à Paris, rien, absolument rien, n’empêchait les policiers, commissaires en tête, de traîner les pieds. La police « républicaine » (je rigole) dispose d’une force phénoménale : la possibilité, quand trop c’est trop, de mettre l’arme au pied, de se faire porter pâle, de faire la grève du zèle, et ça suffirait pour mettre un bazar tel que le gouvernement n’y survivrait pas… Imaginez, au contraire, on peut rêver, que les flics se décident à utiliser leurs armes lorsqu’ils sont agressés par des racailles, quand ils font face à un refus d’obtempérer, quand on tire au mortier sur leur commissariat, quand on brûle leurs voitures, etc, ce qui est leur devoir, après tout, plutôt que se coucher ?… Ce serait une hécatombe, et alors ? On mettrait toute la police en tôle ?