Comment ne pas être consterné par l’incroyable passion pour l’élection du maire de New York qui a saisi le système médiatique français ? C’est d’abord le symptôme de la soumission. Avec cette mentalité d’esclaves fascinés par ce qui se passe chez le Maître. On y a bien sûr retrouvé de part et d’autre de « l’échiquier » politique l’habituel mélange d’ignorance et de jobardise sans oublier la bêtise et la saloperie.
Mon camarade et ami Jean-Pierre page, ancien dirigeant du (vrai) PCF, et de la (vraie) CGT, qui sait de quoi il parle, nous donne un point de vue éclairé. Et nous conseille d’éviter les illusions.
Mamdani est un des leaders du DSA (Democratic Socialists of America) qui est une tendance relativement marginale du parti démocrate. Sa figure de proue est Alexandria Ocasio Cortez (AOC selon son diminutif), élue du Bronx à New York et membre du congrès. Elle a soutenu la politique étrangère de Biden et son hostilité à Cuba comme au Venezuela sont des faits. Tout comme d’ailleurs Bernie Sanders qui est un compagnon de route du DSA et qui a toujours considéré Cuba comme une dictature tout en reconnaissant ses acquis et mérites : éducation, santé...
Tous les deux avec d’autres dirigeants du DSA ont soutenu Biden sur l’Ukraine et aussi sur le compromis social de son administration. Dans plusieurs conflits importants comme ceux de l’automobile, ils ont aux côtés de Biden soutenu la fédération syndicale UAW connue pour son extrême corruption et la recherche d’un compromis avec les grandes entreprises de l’automobile comme Stellantis, ce qui a conduit à des restructurations et de nombreux licenciements. En revanche ils ont laissé faire la répression contre les 100 000 cheminots en grève. On retrouve cette position opportuniste du DSA chez Angela Davis, elle aussi, proche du DSA qui est devenue très woke. Elle fait toujours illusion et a été également un soutien actif à Biden. Pendant le mandat de “sleepy Joe” comme président des USA, Sanders et les dirigeants du DSA ont assumé des responsabilités politiques importantes au sein de l’administration démocrate dans le but de rallier ceux qui aux USA se réclame de la “gauche”.
Par conséquent, pour comprendre ce qui vient de se passer à New York il faut replacer les choses dans le contexte d’une société américaine aux prises avec une crise existentielle profonde, une société polarisée et au bord de l’éclatement. Donc être conséquent, ne pas raconter d’histoires est une exigence face à l’euphorie Mamdani qui a gagné la “gauche” en France. Symboliquement dans ce fief démocrate qu’est New York la victoire de Mamdani est politiquement significative. Toute la question est de savoir pouquoi ? Evidemment on peut dire que d’une certaine manière elle met en cause non seulement Trump mais surtout le bipartisme républicain et démocrate. Mais faut-il s’en tenir qu’à ça ? Car comment imaginer le Parti democrate se contenter d’observer la democratie en marche à New York ? Surtout si l’on tient compte de l’état de pourrissement du “deep state”. La victoire de Mamdani n’empêche pas et n’empêchera pas les compromis et les arrangements, ainsi Kamala Harris a appelé à voter pour Mamdani.
Cela dit, il y a aussi au sein du DSA des militants, des syndicalistes de terrain, ils sont dans les entreprises et mènent souvent un combat courageux. Ils verront le succès de Mamdani comme un encouragement, un point d’appui. Idem pour ceux qui sont très mobilisés sur la solidarité avec la Palestine et qui ont réussi à inverser le vote traditionnel de la communauté juive au détriment d’Israël en faisant condamner l’état génocidaire et cela majoritairement.
Je connais bien les gens du DSA j’ai souvent à New York et à leur invitation, parlé dans plusieurs de leurs meetings. Par exemple en janvier 2020 au sujet du mouvement de luttes sur les retraites en France dont ils étaient très admiratifs et solidaires. Ils ont organisé pour moi des réunions dans plusieurs grandes universités comme NYU et Cornell. Idéologiquement le DSA est assez éclectique, on y trouve plusieurs courants de pensée politique, DSA est historiquement issu du PS américain. Aujourd’hui DSA se revendique de la social-démocratie, mais aussi trotskisant et souvent anticommuniste. A l’origine de DSA on trouve le “Young Democratics Socialists of America” qui au sein du mouvement “ students for a democratic society”, dans les années 60 était d’orientation trotskiste et specialement anti-soviétique. Une organisation très controversée à l’époque de la guerre du Vietnam balançant entre un soutien déclaré à la guerre du président Lyndon B. Johnson et l’opposition à cette guerre. Une scission dans ce mouvement de contestation politique donna lieu à la naissance de deux organisations : le DSA d’une part et “Socialists USA” d’autre part, celui-ci en faveur de la guerre sur une base antisovietique et anticommuniste. Devenu un lieu de recrutement important pour la CIA, ce groupe a par ailleurs été très lié à l’AFL- CIO. Le DSA qui s’était éteint au début des années 2000 a repris de la vigueur il y a une dizaine d’années. Il a des relations avec le PS français et la Fondation Jean Jaures. C’est aussi le cas avec LFI surtout depuis le voyage de Melenchon aux USA ou il a rencontré Sanders.
Aux USA on aime beaucoup dans les campagnes électorales la rhétorique et les discours enflammés. Ensuite, vient le réalisme, le pragmatisme, les compromis et les compromissions, et là ça change beaucoup de choses. On reparlera donc dans quelques mois de l’élection de Mamdani et on verra s’il fait toujours aussi peur à Wall street.
Cela dit avant et après-guerre New York était une ville politiquement très radicale et ouvrière où les communistes avaient une influence de masse. Si New York renoue avec son passé on ne s’en plaindra pas, mais ne prenons pas nos rêves pour des réalités. Ainsi par exemple, Mamdani affiche sa proximité politique avec Alexis Soros, le fils du milliardaire instigateur et financier des révolutions de couleurs dont le Maidan ukrainien, le trop fameux Georges Soros et son Open Society. Liée à la Société du Mont-Pèlerin, la Fondation tres secrète et ultra libérale de Friedrich Hajek, Milton Friedman, Karl Popper, Ludwig Von Mises. Mentors idéologiques de Thatcher, Reagan et Pinochet, avec les fameux “Chicago boys”. Soros a financé à hauteur de 37 millions de dollars différentes organisations et ONG impliquées dans la campagne de Mamdani. Que faut-il en conclure ?
Enfin j’ai trouvé amusant l’enthousiasme pour la victoire de Mamdani, de la part du PCF, de LFI et du PS qui se déclarent avec d’autres forces solidaires de lui et du DSA. Selon certains il faudrait suivre l’exemple et se rallier. Chikirou de LFI suggère “voter LFI c’est comme voter Mamdani”. Le logo du DSA avec la rose est inspiré de celui du Parti Socialiste, français. Ça ne s’invente pas !
PS : A New York il y a un site multi médias qui se nomme “Democracy Now”, Angela Davis qui par ailleurs a lancé sa ligne de vêtements y est fréquemment invitée. Democracy Now est financé en grande partie par Georges Soros.
Cousin cousine tout le monde tambourine !
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