L’un des deux protagonistes de la guerre civile, la quatrième de l’Histoire du pays depuis son indépendance en 1960 et déclenchée en avril 2023, a commis des massacres d’ampleur ces derniers jours. Des témoignages recoupés par l’ONG Human Rights Watch et des vidéos établissent que 450 femmes et enfants ont été exécutés le week-end dernier par les Forces de réaction rapide (RSF) lors de la prise de la ville d’El Fasher. Jusqu’à 7.000 civils ont été tués au cours de la chute de cette ville, dernière capitale de la région du Darfour encore sous le contrôle des loyalistes, assiégée depuis 18 mois.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé jeudi soir sa « vive préoccupation » ce qui n’est certainement pas de nature à intimider les criminels. Il est vrai qu’aucune grande puissance n’est prête à prendre le risque d’envoyer une force d’intervention ou d’interposition dans un pays désertique grand comme trois fois la France et infesté de combattants plus ou moins contrôlés et armés de drones, arme qui a révolutionné l’art de la guerre. En outre, le Soudan est au cœur d’un jeu d’influence complexe ; le régime est soutenu, même s’ils le nient, par la Turquie, la Russie, l’Arabie saoudite et l’Egypte, tandis que les RSF sont soutenus presque officiellement par les Emirats arabes unis mais aussi par la plupart des voisins du pays, Ethiopie, Tchad et Tanzanie. Ce qui restreint notamment les marges de manœuvre, selon les analystes, des Etats-Unis, engagés dans une mission de médiation, car ils ne tiennent pas à se fâcher avec des puissances régionales antagonistes.
On notera au passage la suprême indifférence des grandes consciences humanistes en Occident, prompts à se mobiliser à la moindre bavure de l’armée israélienne, mais qui n’ont, pour le Soudan, comme pour d’autres conflits (cf le Nigéria où les chrétiens se font massacrer par milliers) pas organisé de cortèges, ou de pétitions.
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